Bourges. Il y a des week-ends comme ça, pleins de soleil et de gazouillis, de copains, de bavardages, de rires d'enfants. Ils font du bien, réchauffent le cœur, nourrissent notre fureur de vivre. On a pensé à toi, Anne, l'autre soir. On a trinqué au souvenir de tes éclats de rire et de ta bonne humeur, en ouvrant ces bulles de Loire. Des pet'nat, oui, comme dit mon copain Jacquot. Deux vins sacrément sympas, francs du collier, des pétillants très... pétillants du Château de Minière, dix-huit hectares de cabernet franc du côté de Bourgeuil. En bio certifié depuis l'an dernier. Deux vins naturels et bruts, vinifiés selon la méthode traditionnelle, sans ajout de levure, ni de sucre, nous dit-on. On a adoré, même les copines qui poussent des cris d'orfraie dès qu'on leur cause de vins naturels... En rosé comme en rouge, le fruit est respecté, c'est propre, net. Le rosé évoque les fleurs printanières, les premières fraises marats écrasées. Le rouge plutôt la burlat, les baies sauvages, sur une finale gourmande. Les deux tirent dans les douze degrés et se laissent boire presque comme des jus de fruits. C'est ça la nature ! 12 euros, oui, on peut y aller...
Parmi les autres flacons ouverts ce week-end, ce petit-guiraud, sur du foie gras, oui, je sais, on peut faire autrement, mais ici on aime les sauternes. Le petit est le second de Château Guiraud, Premier Grand Cru Classé, certifié bio depuis le millésime 2011. Pour marquer l'événement, le domaine a changé ses étiquettes, passées du blanc au noir et or, « hommage à Napoléon et aux valeurs de la Révolution ». Ce 2005, à forte proportion de sémillon, c'est une petite bombe dans un écrin d'or, justement. Nez sur le confit, ananas et autres fruits exotiques, escortés de notes safranées. Le miel est au rendez-vous en bouche, la fraîcheur aussi, la persistance...18 euros, soit la moitié du prix de son aîné. Que demande le peuple ?
En ouvrant les rouges, on a eu une petite pensée pour Laurent, condamné à l'eau de Vichy... Ces trois sudistes, tu les aurais appréciés, j'en suis sûr. Tu as aussi raté l'onglet et ses cèpes ramassés cet automne en Sologne, le filet mignon et son riz au lait de coco... On a d'abord bu un ventoux 2012, signé par la coopérative Marrenon, baptisé du joli nom de Levant rouge. Assemblage de grenache (80%) et de syrah, on l'a senti parfaitement à l'aise sur la viande rouge. Du fruit, de la carrure, des notes un peu sauvages, un côté demi de mêlée, des notes plutôt poivrées qu'épicées, une finale un peu rustique. Simple mais digeste. 5,50 euros... Un vin de copains pas ruineux.
Enfin nous sommes descendus en Provence. Petite pensée pour les amis qui probablement festoyaient au soleil, devant la Sainte-Victoire. Le 2009 de Château Vignelaure , le second millésime élaboré par Mette et Bengt Sundstrom, qui ont repris le domaine en 2007, nous a laissés songeurs. Complexe, plein de fruits, généreux, joliment tannique, épicé. Encore un peu jeune... On pourra attendre encore un peu cet assemblage de cabernet sauvignon 65 % et de syrah 35%, vinifiés séparément et vieillis dix-huit mois en petits fûts de chêne français, dont un tiers de fûts neufs, le reste dans des fûts de un à deux ans. 23,50 euros.
A encaver aussi, la cuvée Inspire 2011 de Château Roubine, assemblage à 75% Syrah et 25% de cabernet- sauvignon. L'étiquette est toujours magnifique... Encore un peu fermé avant de passer en carafe, concentré, sur les baies sauvages escortées de notes très boisées, gorgé de soleil, chaud, ce côte-de-provence s'appuie en bouche sur des notes de pruneaux cuits, compotés sous une délicate tombée de poivre blanc. 27,80 euros. Quand je pense à ton eau de Vichy, Laurent ...
Les petites lampées reviennent bientôt...