Chartres. « Les vins de
Loire nous rassemblent et font de nous des frères...» S'il y a bien une maxime qui s'applique à la Paulée, ohé, ohé.... chez les Jallerat, c'est bien celle-ci. Elle est de l'acteur Jean Carmet,
qui fut une sorte de parrain pour cette manifesattion unique inventée il y a plus de trente ans par George Jallerat, le propriétaire du Grand Monarque. Tradition reprise depuis quelques années par son fils Bertrand, autour duquel toute la famille Jallerat se
réunit chaque printemps revenu pour faire découvrir les vins de Loire et le dernier millésime autour d'un déjeuner d'anthologie... C'était donc la XXXIème Paulée ce dernier lundi, autour d'un menu à six mains, préparé par le Vendéen Thierry Drapeau (La Chabotterie), Laurent Clément et Nicolas Mendes, les deux chefs du Georges, le restaurant étoilé du Grand Monarque. Menu
placé sous le signe du fruit quand il était sous celui de l'iode l'an dernier. La suite en photos...
- Avec les mise en bouche, proposées dehors et dans le hall, dans quatre ateliers, quatre vins... Sur le délicat tartare de bœuf et huître façon hamburger, le muscadet sèvres-et-maine 2012, Granit de Château Thébaud, salin, minéral et iodé ; sur la gralée vendéenne, le cabernet des Quatre Chemins 2012, du Domaine Didier Richou, juteux et gourmand, pour un accord canaille et bistrotier ; sur les chips de riz noir, anguille fumée et citron confit, le valencay blanc 2012 du Claux Delorme, de Bertrand Minchin (photo ci-dessus), sauvignon bien mûr, « péchu et plein de jus » selon Olivier Poussier, en tout cas délicieux ; enfin sur l'étonnant breakfast de sardine et son gel de tomate, un saumur blanc 2012 Les Écotards du Domaine de Michel Chèvre, un chenin mûr, au boisé sous-jacent, vif et précis.
- A table ... Le carpacio de Saint-Jacques, arlequinade de betteraves et agrumes, dont l'acidité un peu trop présente masquait l'iode de la coquille, méritait un blanc solide, sur le fruit et la fraîcheur. Le menetou-salon blanc 2011, Dame de Chatenoy, d'Isabelle et Pierre Clément, élevé dix mois sur lie, m'a semblé parfait, les notes variétales donnant le tempo aux betteraves jaunes, rouges et bi-colores...
- Chaque année, le Meilleur Sommelier du Monde Olivier Poussier, parrain de la Paulée, fait servir un vin secret que les invités sont appelés à découvrir. Lundi, ce ne ne fut pas un mais deux vins qui furent servis sur le turbot cuit sur arrêtes, petits pois et groseilles acidulées, menthe... Un choix osé mais assumé. Pour le premier vin, j'ai pensé gamay, genouillet et c'était un grolleau d'Anjou, la cuvée Penser nature d'Olivier Lecomte. Pour le second, je me suis aventuré pour un improbable assemblage cabernet/gamay ... au lieu d'un pinot noir (95%) assemblé à un gamay, la cuvée Reflets du Domaine Saint-Nicolas de Thierry Michon, appellation Fiefs Vendéens. Deux vins canailles, souples ... Bon, quant au mariage avec le poisson, ça se discute.
- Puis vint un canard de Challans, mûre, sésame et sa sauce réduite, escortés de deux rouges plus charpentés. D'abord un chinon, Coteau de Noiré 2011, du Domaine Philippe Alliet, plein de fruits et de jus, sur une jolie fraîcheur. Ensuite un bourgueil, cuvée Petit Cave 2010, de Yannick Amirault, boisé, lardé, encore sur des notes d'élevage mais parfait sur la sauce du canard. Rouge encore sur le chèvre frais, un joli saint-pourçain 2012 du Domaine des Bérioles, un gamay comme on les aime. Enfin, le tour de Loire s'est terminé avec un cabernet d'Anjou 2012 de Château Soucherie, sur « une sucrosité décalée », toujours selon Olivier Poussier, accompagnant le désert, framboises, pistache, fenouil et chocolat blanc. Je ne suis pas fan des rosés sucrés... mais le désert était grandiose. Pendant le café et les macarons de Pierre Hermé, vrais péchés de gourmandise, et alors que la cathédrale sonnait ses six coups, on pouvait méditer cette jolie phrase du chef Jean Bardet :« Le vin est un complément intellectuel du plat »...
Les petites lampées reviennent bientôt...
* Sur la première photo, l'inénarrable Berrichon de Châteauroux Denis Hervier, écrivain et chroniqueur pour France Bleu Berry, fait tourner les serviettes au dessus des têtes en l'honneur David Bireau, (assis à droite, de face) représentant de la France au dernier Concours du Meilleur Sommelier du Monde, qui fut sacré à Bourges Meilleur Sommelier de France en 2002.