Paris. Ceux qui sont partis avant le
dessert n'ont pas eu le bonheur de déguster le cognac Hardy XO, servi avec la poire doyenné de comice, macérée au cognac, chocolat de Papouasie, glace vanille, pignons caramélisés... Une
merveille ! Nous étions au Carré des Feuillants, chez Alain Dutournier. Priés d'assister au repas de baptême de la dernière carafe de la Maison Hardy. On l'appellera Printemps... Elle
est née à la Cristallerie Lalique.
Brigitte Hardy (photo du haut, avec le chef, devant la carafe) avait la voix tremblante, pleine d'émotion, pour parler de l'enfant : « J'ai rêvé pendant des années de ce mariage entre une toute petite maison de cognac et cette grande maison du luxe et je suis tellement heureuse du résultat » . De fait, on peut parler d'œuvre d'art. Pour accueillir un « cognac rare, assemblage de petits lots de Grande Champagne soigneusement isolés par Armand Hardy, à la fin de la Seconde Guerre Mondiale », Lalique a imaginé un flacon de parfum doté d'un superbe bouchon sculpté aux reflets vert amande « qui n'est pas sans rappeler certains des créations de René Lalique au début du XXème siècle », epxlique-t-on dans la fabrique de la rue Royale. Cette carafe Printemps, diffusée à quatre cents exemplaires, déclinée en deux formats, 70 et 75 centilitres, est la première d'une série. Suivront, tous les deux ans, les carafes Été, Automne et Hiver. Motus sur les motifs et les couleurs ... L'enfant de la « haute couture for cognac », devise de la Maison Hardy, et du cristal vaut son pesant d'ugni blanc ou de folle blanche : 11.500 euros, « prix indicatif ». Avis aux amateurs, le premier exemplaire sera mis en vente à l'occasion de la Part des Anges, vente aux enchères de cognacs d'exception, le 19 septembre prochain...
Ce n'est évidemment pas le cognac de cette carafe qui a été servi avec le dessert, mais l'XO Rare. XO, comme âge inconnu, mariage de fines d'une vingtaine d'années. Rond, « très féminin », d'une longueur soyeuse et délicate en bouche, sur des notes de rancio et d'épices douces, de mandarine confite, je l'ai pour tout dire trouvé sublime, notamment sur le chocolat à déguster les yeux fermés, au point que j'aurais bien prolongé le plaisir, mais bon... Avant ce bonheur quasi orgasmique, on avait eu droit à un menu parfumé au cognac, évidemment, précédé d'un cocktail cognac, pamplemousse, Seven Up... D'abord une grosse gambas sauvage de l'Atlantique, flambée au cognac, chutney de billes de melon, gaspacho safrané, servi avec un 2011 blanc de Château Faugères, sémillon, sauvignon gris et sauvignon blanc à parts égales. Joli vin léger et subtil, sur un nez de tilleul ... Ensuite, un plat très original mais presque d'hiver, donc de saison... Mignon de bœuf, poularde aux morilles, royale de foie gras et jeunes légumes, émulsion légère de sauce poivre au cognac, escorté d'un 2009 de Château Lamothe-Bergeron, au nez très puissant. Aurait peut-être mérité d'être carafé longtemps à l'avance pour lui permettre de s'ouvrir davantage. Nez sur le chocolat, la torréfaction, la confiture de fruits rouges, très tannique en bouche. Il faudra y revenir... Et au Carré des Feuillants aussi !
Les petites lampées reviennent bientôt...