Bourges. Je n'avais pas gardé un souvenir extraordinaire de la dernière lamproie au sang, dégustée dans un restaurant de la jolie ville de
Libourne. Des amis nous ont donc récemment invités l'autre soir, histoire de nous rabibocher avec cette spécialité bordelaise.
La lamproie, vous connaissez ? La bête, que l'on pêche notamment dans l'estuaire de la Gironde, ressemble un peu à l'anguille ? Elle n'a ni écaille, ni colonne vertébrale, ni machoire, mais une bouche qui lui sert de ventouse ... Pas beau ! Pour la cuisiner, on lui coupe la queue pour récupérer le sang, base de la sauce, comme pour un civet de lièvre. On la sert avec des poireaux, des petits oignons, des pommes de terre à l'eau. Un délice, en fait !
Pour accompagner ce plat de roi, on peut évidemment sortir de sa cave un bordeaux, c'est régional. Nos hôtes sont allés chercher ailleurs. D'abord un cabardès bio 2009, Vent d'Est du Domaine de Cabrol, cuvée très marquée par la syrah. Un super nez, dense, plein de soleil, profond, et des notes de cacao, de fruits noirs confits, suivies de petites notes poivrées subtiles et délicates. En bouche, amplitude et fraîcheur, longue finale réglissée. Et ça tenait sacrément bien la route face à la lamproie.
Derrière, un châteauneuf-du-pape 2005, Domaine du Vieux Télégraphe... Grenache noir (65%), mourvèdre, syrah,
clairette, vieilles vignes, élevage de deux ans, dont douze mois sous bois... Vin magnifique, d'une incroyable profondeur, cerise noire, cassis, mûre, notes de violette, rondeur en bouche, tanins
soyeux, longueur orgasmique sur des notes épicées... Merci pour ce joli moment.
Ces dernières semaines, quelques bouteilles ont été partagées ici avec des fous ... J'ai déjà évoqué Poujeaux, Pontet Canet, Tour Carnet, Couspaude, et, en d'autres temps, Corbin, Corbin d'Espagne, Grand Corbin, Hortens-Picant. Belles maisons, beaux vins pour la plupart. Des millésimes d'une dizaine d'années, voire plus. Certains auraient du être bus, d'autres auraient encore pu attendre un peu.
Ces derniers jours, place à un millésime plus réçent, 2010, avec un bordeaux et un châteauneuf-du-pape. Le premier est produit
par Château La Favière, propriété depuis 2011 d'un investisseur russe,
Stanislav Zingerenko. On est sur du merlot (60%) assemblé au cabernet franc (30%) et au cabernet sauvignon, sur un élevage de six mois en barriques de chêne français. Bordeaux sympa, nez fruité,
notes de tabac et de forêt humide, bouche finement vanillée, gourmande et complexe. Avec une salade de courgettes jaunes au soja et un jambonneau ...
Quant au châteauneuf, il est produit par le Domaine du Grand Tinel, cent hectares, l'un des plus grands domaines de l'appellation, propriété de la famille Jeune. Grenache, syrah, mourvèdre, un nez de griottes mûres, de baies noires, floral et épicé, savoureux et généreux en bouche, sur une finale enveloppante, longue et fraîche.
Les petites lampées reviennent bientôt...