Catherine Arnaud. Originaire de Montpelier, devenue sommelière par passion, elle anime aujourd'hui le blog Ô cœur des vins. Lauréate du prix Champagnes Gosset, finaliste du Prix Marie Stuart, un temps chroniqueuse dans l'émission de Jean-Pierre Coffe, sur France Inter, Ça ne se bouffe pas, ça se mange, elle a également collaboré pendant un an au magazine Cuisine & Vins de France. Diplôme de sommellerie en poche, elle devient ensuite la première femme chef sommelier d'un palace parisien, Le Bristol, pour lequel elle voyage de Toronto à Mexico, en passant par Montréal et New-York. Aujourd'hui installée à Saint-Rémy-de-Provence, Catherine Arnaud donne des initiations à la dégustation. Elle a créé un club, les Demoiselles de Bacchus, qui réunit chaque mois, chez un restaurateur, une trentaine de femmes. J'ajoute qu'elle va participer au Wine Blog Trophy du prochain Salon des vins de Loire d'Angers avec un post que je vous invite à lire ici : Vins de Loire, belles découvertes chez mon caviste. Merci, chère Catherine d'avoir répondu au téléphone à ce questionnaire. Bonne chance pour le WBT...
- Le déclic ? Le premier verre ? Toute petite, je me baladais en forêt avec mon père et je pense que, inconsciemment, il m'a initiée aux arômes et aux senteurs. Et puis, il y a eu le vrai déclic. Étudiante à l'École de commerce à Montpellier, j’ai un jour créé une animation à la gare SCNF sur le thème du tourisme. Et j'ai fait venir des vignerons. Le déclic, ce sont ces hommes et ces femmes amoureux fou de leur métier, des passionnés, et je me suis dit que c'était un univers magique. Comme je suis moi-même une passionnée et que je vais au bout des choses, j'ai fait un BTS viti-œono à Montpelier. Je me suis ensuite impliquée dans le syndicat des vins du Languedoc-Roussillon, pendant mes études, avant de monter à Paris pour promouvoir les vins du Languedoc à l'Espace Hérault et j'ai appris la sommellerie sur le tas avec des gens comme Philippe Faure-Brac, Éric Sertour et Georges Lepré, dont on buvait les paroles...
- Une devise ? Elle me va bien? J'aime beaucoup cette phrase de Dali : "Qui sait déguster ne boit plus jamais de vin mais goûte des secrets".
- Le meilleur souvenir de dégustation ? Difficile… Chaque bouteille ouverte est un souvenir, une découverte mais si je dois en choisir un : c’était au Bristol un petrus 1945, commandé par un émir arabe qui n'a bu que deux verres… La bouteille est revenue au service et on a pu s'en délecter avec l’équipe. C’était du velours, je n’ai jamais retrouvé cette sensation là...
- Cave ou armoire ? Combien de bouteilles ? Je déménage assez souvent et ma cave est restée dans mon divorce... Donc maintenant je ne garde pas, je bois, je partage, je n’ai plus vraiment de cave, j’achète au fur et à mesure, j’ai encore quelques jolies bouteilles mais je préfère les boire avec des amis...
- Les trois coups de cœur du moment ?
- Hier, j’ai ouvert, sur un poulet à l'estragon glissé sous la peau, un vin qui nous a tous agréablement surpris, un côtes-du-rhône 2002 du Château des Tours, d'Emmanuel Reynaud, à Sarrians : une jolie robe tuilée, les tannins étaient encore là, des notes de sous-bois et de cuir, et une étonnante fraîcheur malgré son âge ...
- Un tokaij 2007, 5 puttonyos, du Château Hellha, de couleur or, sur des notes abricotées, rond, soyeux, sucré mais avec une belle acidité qui fait sa colonne vertébrale. Je le bois en apéritif ou sur un foie gras ou en fin de repas, il n’alourdit pas la bouche, il est raffiné. On a peu l’habitude de boire ces vins hongrois dont Louis XIV disait qu'il était "le roi des vins et le vin des rois ».
- Un blanc sec enfin, un menetou-salon 2012, du Domaine Chavet, un très joli sauvignon, avec beaucoup d’élégance, sur les agrumes, un vin très expressif, très féminin, qui prépare la bouche pour tout le repas.