Bourges.Temps pourri ! Et ça dure. Je pensais avoir emmagasiné assez d'énergie au soleil pour tenir le choc, mais là, gavé de pluie et de vent, j'en ai déjà ras le bol... Du coup, pour se remonter le moral, et après une jolie cure de mojitos, de rhums vieux et d'eau, ben oui, sans une goutte de vin pendant plus de trois semaines, j'ai ouvert hier ma première bouteille. Avec des cuisses de pintade, jus réduit et poêlée de légumes" oubliés, comme ils disent, de mon jardin. Tombée de thym. Et une envie de dialoguer avec le Diable, sur la pointe du même nom.
Elle se trouve en Provence, pas loin du fort de Brégançon, résidence de la République que le Président a décidé d'ouvrir au public plutôt que d'y passer ses vacances. Je connais un peu l'endroit, pour m'être baigné quelques fois sur la jolie plage, en bas de la forteresse. Hors saison, quand les hordes de touristes sont reparties au chagrin -c'est comme ça qu'un de mes amis, aujourd'hui disparu, appelait le travail. Aujourd'hui, il y fait aussi un temps de m...sur ce coin de France.
Cette Pointe du Diable est la propriété de Château Malherbe, domaine de vingt-cinq hectares, situé sur la commune de Bormes-les-Mimosas. Situé en face les îles de Porquerolles, il est la propriété depuis quatre générations de la famille Ferrari - pas celle des petites bagnoles pas chères. Sébastien est aux commandes depuis 2004. « Séparée de la mer par un mince ruban de végétation méditerranéenne, la parcelle de la Pointe du Diable bénéficie d’un micro-climat particulier : les vents marins et leur humidité saline tempèrent la chaleur estivale, peut-on lire dans le dossier qui accompagnait la bouteille. On annonce un assemblage de syrah et grenache - à part égale dans l’assemblage- complétés par 20 % de cabernet-sauvignon ». Le terroir ? « Des sols filtrants d’alluvions anciens parsemés d’éclats de quartz .» « Longues cuvaisons et élevage bien dosé de 40 % de fûts de chêne pendant douze mois », pour la technique.
J'ai ouvert ce 2011 juste à la sortie de la cave qui est à quatorze degrés. Il aurait mérité d'être carafé...Le nez était déjà plein de fruits noirs, mais un brin fermé. Un peu sévère en bouche à la première lampée, avalée devant la cheminée en laissant l'esprit baguenauder. A table, changement de caractère. Le Diable était sorti de sa boîte. Le nez explosant sur le fruit escorté de notes plus florales. Très provençal, plein et dense, tanins enveloppants mais souples, sur une jolie finale donnant envie d'y revenir, il a un peu dominé le plat et la chair tendre du galliforme, se montrant plus "aimable" - comme dirait Jacques Puisais- avec les légumes et le thym ... Joli vin à revoir dans quelques mois sur un bout de bœuf grillé, ai-je pensé en remettant une bûche. Oui, son prix : 19 euros...
Les petites lampées reviennent bientôt...