Bourges. Pour un dîner avec de vieux copains pas vus depuis longtemps, grands voyageurs et amateurs de mariage terre/mer, nous avions décidé de préparer, de la morue aux pommes de terre, juste passées à la poêle
dans une généreuse cuillère d’huile d’olive portugaise, aïl, citron vert et persillade, quand nous nous sommes souvenus de ce livre (*) de Frédéric Anton, dédié à sa maman, reçu l’autre jour et
consacré aux... pommes de terre, justement. Pas trouvé de recette de morue. Le très médiatique chef du Pré-Catelan n’aimerait-il pas la bacchalau ? Du coup, nous avons tourné les pages de
ce joli bouquin et pris du retard dans la préparation du dîner, tout ébahis et coits devant les magnifiques photos de Richard Haugton qui donnent une dimension énorme aux recettes du chef trois
fois étoilé. Des idées pour cet hiver ? De sublimissimes potages dont celui dédié à Julienne Darblay et des pommes de terre à toutes les sauces, mirettes, lyonnaises; sautées aux olives et
aux truffes; au caviar et en robe des champs; en croûte d’argile et aux champiggnons; en gratin, à la Morteau et aux pistaches; farcies ou en navarin avec des oreilles de cochon… Stop ! La
patate demande grace et nous aussi…
Retour à nos fourneaux et à notre poisson qui s'égoutte... Du coup, on a changé notre recette. La morue, bien dessalée, a été passée à la poêle comme prévue, mais avec un mélange de petits légumes, céleri, fenouil, panais, rutabagas... Pour débuter, une soupe de cèpes, ramassés cet automne en Sologne, sortie du congélateur et réchauffée doucement avec avec quelques morceaux de de céleri branche... Et dans les verres ?
En attendant que tout cela chauffe, quelques toasts de foie gras ou d'houmous et des bulles de la Cuvée 225 brut 2004 de Nicolas Feuillatte (45 euros chez le caviste). Un assemblage de pinot noir et de chardonnay à parts égales, vinifié en fûts de chêne de 225 litres, d'où son nom de baptême. Généreux, vineux, onctueux, légères notes toastées, touches de cire d'abeilles et d'épices... Un vrai champagne de fête, qu'on aurait pu encore attendre, tant son aptitude au vieillissement semble évidente.
A table, deux vins carafés dans l'après-midi. Le pommard Petit Clos 2009 de Château de Santenay, magnifique demeure bourguignonne aux toits de tuiles vernissées, ancien fief de Philippe le Hardi. Et un vaste domaine de près de cent hectares sur diverses appellations... Joli pinot noir, élevé en fûts de chêne, à la robe foncé, aromatique, sur des notes de raisins frais, des épices et des tanins souples. (21,90 euros chez les cavistes). Et puis, avec la morue, les copains ne buvant pas de vin blanc, si, si, ça existe, encore un rouge, un pessac-léognan, la Marquise de Haut-Vigneau 2009 (26,50 chez Lavinia), propriété d'une vingtaine d'hectares sur la commune de Martillac, appartenant à Éric Perrin, celui de Château Carbonnieux, le domaine familial. Élégante étiquette pour cette nouvelle cuvée, assemblage de cabernet sauvignon (60%) et de merlot (40%) élevée en fûts de chêne français. Fruits noirs, notes de torréfaction et d'épices, un brin vanillé, sur une structure tannique solide qui associe rondeur, élégance et amplitude... Bel accord aussi, sur le dessert, poires pochées et coulis de pêches de vigne. Du jardin, bien sûr !
Les petites lampées reviennent bientôt...
(*) Pommes de terre. Frédéric Anton. Chêne. 29,95 euros).